H.4 RAA19 Séance Ouverte (Réseau Art et Architecture du 19e siècle), partie 2
H.4 RAA19 Open Session (Research on Art and Architecture of the 19th century), Part 2
sam 23 oct / Sat Oct 23 / 11:30 – 13:00 PDT
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- Peggy Davis, Université du Québec à Montréal
- Marie-Lise Poirier, Université du Québec à Montréal
L'objectif du Réseau Art et Architecture du 19e siècle consiste à promouvoir le renouveau des recherches globales et interdisciplinaires sur le 19e siècle en histoire de l'art et de l'architecture. Cette session ouverte invite des propositions théoriques ou des études de cas qui couvrent des corpus issus du long dix-neuvième siècle, de 1789 à 1914. Une attention particulière sera donnée aux propositions qui font ressortir de nouvelles problématiques ou des méthodologies novatrices.
The aim of the RAA19 (Research on Art and Architecture of the 19th century) is to encourage innovative studies of nineteenth-century art and architecture. This open session welcomes papers that examine theoretical issues or case studies that focus on any aspect of the art and architecture of the long nineteenth century, from 1789 to 1914. Special consideration will be given to papers that propose innovative issues or methodologies.
Peggy Davis est professeure d'histoire de l'art à l'Université du Québec à Montréal. Ses recherches portent sur l'art et la culture visuelle des XVIIIe et XIXe siècles, et notamment sur l'histoire de l'estampe, de la satire visuelle et de la culture de l'imprimé. Elle s'intéresse à l'imaginaire de l'Amérique et sa représentation visuelle dans l'estampe, le livre à gravures et la presse illustrée ainsi qu'à la caricature sociale, culturelle et politique en France sous la Restauration. Elle a publié Lumières et histoire, Le scalp et le calumet ainsi que de nombreux articles, entre autres dans Historical Reflections, RACAR, Eighteenth-Century Fiction, Lumen et Études françaises. Elle est membre du Groupe de recherche en histoire des sociabilités (GRHS), du Centre interuniversitaire de recherche sur la Première Modernité, XVIe-XVIIIe siècles (CIREM 16-18), de Figura Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire et membre fondatrice du Réseau Art et architecture du 19e siècle (RAA19).
Marie-Lise Poirier est étudiante du programme de doctorat interuniversitaire en histoire de l'art à l'Université du Québec à Montréal et est actuellement assistante de recherche pour le projet Récits de l'ailleurs et entreprise éditoriale : les ouvrages viatiques illustrés de la collection des livres rares de l'UQAM (XVIIe–XVIIIe siècles), codirigé par Peggy Davis et Lyse Roy. Son projet doctoral entend examiner la vie et l'œuvre de Paul Gavarni (1804–66), et plus spécifiquement la manière dont les interactions entre cet artiste, son réseau de sociabilité et le contexte de l'époque ont influencé son identité artistique plurielle, sa « griffe » si particulière, laquelle s'est construite et s'est mue au rythme d'expérimentations techniques, de fertiles collaborations et d'échecs personnels et professionnels.
H.4.1 Fanny Robert, la première femme artiste sourde de Paris
Andréanne Parent, Université de Montréal
Fanny Robert est une artiste ayant vécu au début du 19e siècle. Outre le fait d'avoir suivi une formation dans l'atelier de Girodet, un privilège qui ne fut accordé qu'à de rares élues, Fanny présente une condition peu commune : elle est née avec des troubles de l'audition et de la parole. En dépit de cette condition cognitive altérée, Fanny a su tirer profit de sa différence pour se bâtir une réputation noble sur la scène artistique parisienne.
Sa surdimutité est perçue par ses contemporain.e.s comme une anomalie du système duquel elle est doublement exclue en tant que femme ET marginale. Aujourd'hui, les rares travaux qui se penchent sur son cas ne traitent de sa « différence » que d'un point de vue médical et/ou physiologique. Personnellement, je crois que parler de cette femme en termes de diagnostics et de pathologies est réducteur et stérile, et que son expérience personnelle offre au contraire un point de vue fascinant sur la formation de l'identité d'une femme artiste atypique en France au début du 19e siècle. Cet aspect me permettra d'étudier cette femme dans une perspective interdisciplinaire et de situer la signification du handicap dans les interactions entre les corps et leurs environnements sociaux, matériels et historiques.
Andréanne Parent / Je suis étudiante au doctorat interuniversitaire en histoire de l'art à l'Université de Montréal. Mes recherches portent sur l'histoire de l'art français des 18e et 19e siècles, et plus spécifiquement sur la formation artistique des femmes de la région parisienne, entre la fin de l'Ancien Régime et la Monarchie de Juillet, que j'étudie à travers une perspective interdisciplinaire (études de genres, théories féministes et disability studies). Je m'intéresse aux mouvements et aux manifestations artistiques de la période postrévolutionnaire, ainsi qu'aux rôles joués par les femmes (souvent ignorées) de l'histoire de l'art. Mon sujet de maîtrise portait notamment sur le partenariat entre le peintre d'histoire Anne-Louis Girodet (1767–1824) et la femme de lettres et de théâtre Julie Candeille (1767–1834), considérée à tort comme « la petite femme derrière le grand homme ». Mon mémoire, dirigé par la professeure Peggy Davis, est paru en 2020 à l'Université du Québec à Montréal.
H.4.2 Louis-François Lejeune et l'auto-représentation historique
Béatrice Denis, Université de Montréal
Je propose pour cette communication d'étudier un tableau de Louis-François Lejeune (1775–1848), « Vue du monastère et des Taureaux antiques de Guisando, sur les bords de l'Alberge, en Castille », un tableau présenté anonymement au Salon de 1817. L'auto-représentation qui y est offerte par Lejeune et la dimension historique qui est donnée à cette représentation offrent matière à réflexion. C'est en effet mon constat que Lejeune construit, à la fois dans ce tableau et autour de celui-ci (au Salon), un Lejeune historique, personnage dont l'élaboration se poursuit également dans ses mémoires, intitulés « Souvenirs d'un officier de l'Empire » (1851).
Lejeune, peintre de batailles et officier pendant la période napoléonienne, illustre dans ce tableau le moment où il est fait prisonnier par les guérillas espagnoles, en 1811. Dénudé par ses ennemis dans la scène principale, placée dans un paysage idyllique, la composition de ce tableau révèle une mise en scène délibérée de l'événement en question. Contrairement à ses habitudes de prendre pour sujet des événements militaires d'envergure (Bataille de Marengo, Bivouac d'Austerlitz, Bataille des Pyramides, Siège de Saragosse), ce tableau de Lejeune illustre un épisode plus intime de l'exercice de ses fonctions militaires. Le tableau entretient un rapport ténu avec une vérité historique, même s'il prend également de sa signification grâce à l'authenticité fournie par la main de Lejeune, connu du public des Salons depuis 1801 en tant que « peintre-soldat ». Lejeune fournit par ailleurs des pistes de lecture de ce tableau dans ses mémoires, y racontant à la fois l'épisode ainsi que l'élaboration du tableau. À travers ce prisme identitaire officier/peintre/mémorialiste, je propose d'étudier l'habileté de Lejeune, dans ce tableau et dans la relation de cet épisode de sa vie, à se représenter favorablement pour la postérité.
Béatrice Denis / Présentement inscrite au doctorat interuniversitaire en histoire de l'art à l'Université de Montréal, mon projet de thèse, sous la direction d'Ersy Contogouris, porte sur Louis-François Lejeune, peintre et soldat à l'époque napoléonienne. J'ai récemment terminé, à l'automne 2020, un mémoire de maîtrise intitulé « Le bivouac d'Austerlitz selon Louis-François Lejeune : les guerres napoléoniennes entre construction identitaire et construction historique ». Je m'intéresse à la représentation de la guerre en peinture, des peintures de bataille aux portraits de figures militaires, me spécialisant autour de la période napoléonienne. J'ai aussi un intérêt pour les phénomènes historiographiques, mémoriels et commémoratifs entourant les événements de nature militaire ainsi que pour la relation entre images et écrits.
H.4.3 Modern Lives: Failure, Biography, and the Avant-Garde in 19th-Century Paris
Tim Chandler, Concordia University
The biographies of artists have served as one of the primary ways that the public learns about art for at least 400 years, since the publication of Giorgio Vasari's massively influential Lives of the Most Excellent Painters, Sculptors, and Architects initiated a wave of public learning about Italian Renaissance art. Looking at a history of biographies, we see a history of artists, artworks, and the people who wrote about both. This paper begins by looking at the biography of Édouard Manet (1832–83), one of the most prominent artists from art history's western canon, and contrasts it with that of Caravaggio (1571–1610) through a metahistorical lens to establish the narrative similarities present in the descriptions of the artists' failure. In 19th-century Paris, the narrative trope of the failed artist was established in popular media, and Manet was at the centre of this coalescence. The role of the artist in society and culture was rapidly evolving, and a result, an artist failing earlier in their career began to be interpreted as a sign of their avant-gardeness. These tropes, such as failure, play an integral role in the writing of art history, and there have already been important studies on their use in the discipline. Taking the base of this research and augmenting it with a semiotic analysis of biographical tropes, as interpreted by Jean Fisette, Veeranda Lele, and Barend van Heusden, can move closer to answering the larger-scale questions that plague art historiography in two ways: Explaining how readers of biographies interpret their subjects as signs and then contextualizing how failure is understood as a sign for the avant-garde by the public.
Tim Chandler is a writer and art historian who is currently a PhD student in Art History at Concordia University in Montreal. His research investigates how failure was used as a narrative device in 19th-century art writing to communicate avant-gardeness. Prior to Concordia, he worked at The Power Plant Contemporary Art Gallery as the TD Curator of Education Fellow from 2016 to 2018 and completed his Master's in Art History and Visual Culture at the University of Guelph in 2016. In addition to his academic pursuits, Chandler also self-publishes zines and pop culture criticism. His research is supported by a SSHRC Doctoral Fellowship.
H.4.4 Painting as Terrain Vague: Van Gogh and the Salon des Indépendants of 1888
David Misteli, University of Basel
In 1888 van Gogh exhibited, for the first time, at the "Salon des Indépendants." Constituting his first presence among the Parisian avant-garde, the participation resulted in his first critical mentions in art journals. Yet, this encounter can hardly be described as an easy inauguration. By the time the exhibition was mounted, van Gogh had already abandoned the French capital for Arles. Moreover, the reception of his paintings was mixed, with critics judging his work unfavourably against Neo-Impressionism, the avant-garde's dominant force. This ambiguous turn of events might, indeed, account for the sparse scholarly attention that has been given to van Gogh's first appearance on the avant-garde stage.
Instead of approaching the Salon as a peripheral matter for understanding van Gogh's painting, my paper suggests viewing the three paintings exhibited as an ensemble. Epitomizing the painter's artistic engagement with Paris, the ensemble establishes two modes of encountering the metropolis: The two landscape paintings of Montmartre stand for a city explored. Focusing upon the topography of its "terrains vagues," they speak to us of a world observed and responded to en plein air. The third painting, Parisian Novels, however, introduces a different mode of encounter. It evokes a mediated Paris, not directly observed, but shaped by van Gogh's voracious reading. After all, it is through French novels that the painter first encountered the city's fringes he would later paint.
Reframing van Gogh's contributions to the 1888 Salon, this paper argues that they present a critical engagement with the state of modern painting in the mid-1880s. It brings in to view a different vision for modern art than the contemporaneous recasting of painting as an issue of applied science that Neo-Impressionism was undertaking, and against which van Gogh's paintings were judged in 1888.
David Misteli is a PhD candidate at the University of Basel and holds a graduate fellowship awarded by the Freiwillige Akademische Gesellschaft Basel. In August 2021 he starts a Swiss National Science Foundation (SNSF) postdoc project at the Universität der Künste Berlin. He studied art history, history and image theory at the University of Basel with semesters abroad in Berlin and Glasgow. 2015–20 Predoctoral Faculty Member with the Department of Art History at the University of Basel. 2017–19 Doc.Mobility Fellow of the SNSF at the Centre allemand d'histoire de l'art in Paris and at the University of Pennsylvania, Philadelphia. He also works as an author and critic on contemporary art.